Projets sur le genre au sein de Fairtrade

 

Dans de nombreux pays où Fairtrade est actif, les agricultrices reçoivent un salaire inférieur à celui des agriculteurs, sont souvent dans l’impossibilité de posséder des terres et n’ont pas accès aux prêts ou à une formation agricole. Bien que le nombre de femmes occupant des postes de direction a augmenté dans de nombreux pays producteurs Fairtrade, les hommes sont toujours majoritaires et les femmes leaders sont souvent considérées comme des exceptions à la règle. En tant qu’élément de la stratégie visant à rétablir l’équilibre entre les genres, au sein du réseau Fairtrade, des projets et des formations sont lancés pour renforcer les femmes au sein de leur coopérative.

Nouvelle école de leadership sur le genre de Fairtrade Asia & Pacific

Trente producteur.rice.s Fairtrade (25 femmes et 5 hommes) d’Asie centrale ont déjà participé au premier atelier au Kirghizistan. L’initiative aura également lieu dans les mois à venir en Indonésie et en Inde, avec plus de 100 producteur.rice.s Fairtrade d’Asie du Sud et du Sud-Est (Pakistan, Inde, Sri Lanka, Philippines, Vietnam, Thaïlande et Indonésie). Les thèmes abordés sont axés sur la gestion pratique d’une entreprise et les participants suivent des formations sur les finances, la négociation commerciale et l’égalité des genres.

L’école ne forme pas uniquement des femmes : les hommes peuvent y participer également pour se renseigner sur les défis auxquels les femmes sont confrontées, devenir des modèles et promouvoir la valeur de l’égalité des genres dans leurs communautés. Il s’agit d’un programme d’une durée d’un an avec un total de 10 modules et une trentaine de sessions personnelles prévues.

Women School of Leadership en Côte d'Ivoire

La Women School of Leadership a été créée l’année dernière à Abengourou, à l’est de la Côte d’Ivoire. Elle veut permettre aux femmes d’occuper des postes dirigeants dans des coopératives et dans leur propre communauté. Les 20 premières étudiantes sont à présent diplômées.

Les productrices de cacao en Côte d’Ivoire se heurtent à de nombreux obstacles qui les empêchent de diriger leur communauté locale ou leur coopérative. Les plus importants sont : les normes traditionnelles, sociales et culturelles, qui dictent le rôle des femmes dans les communautés, et leur limitent l’accès à l’agriculture, à l’information et aux prêts. Force est de constater que les femmes ont moins de chances d’être propriétaires de terres agricoles : la tradition et le droit à la propriété font que les hommes héritent des terres et non les femmes. Dans la région autour d’Abengourou, les femmes ont 5 à 26 % moins d’occasions de rejoindre une coopérative que les hommes.

Cultiver le cacao, élever nos voix

25 productrices de cacao ont présenté leurs défis et leurs ambitions dans un court documentaire sur les droits des femmes en Afrique de l’Ouest. Ce documentaire est particulier, car ce sont ces femmes elles-mêmes qui étaient responsables de la réalisation des images. Elles ont, pour ce faire, reçu une formation vidéo intensive. Elles ont appris les techniques d’entretien, à manier la caméra et les microphones et à écrire des synopsis et à concevoir le montage. Ensuite, elles sont retournées dans leurs villages respectifs pour y tourner leur film.

Le documentaire raconte l’histoire de femmes qui travaillent dur pour cultiver du cacao, sans récolter le fruit – ou si peu – de leur labeur. Elles expliquent pourquoi des prix plus élevés pour le cacao sont nécessaires, de même qu’un accès plus aisé aux pesticides et aux moyens de transport. Elles espèrent jouer un rôle plus actif dans leur coopérative.

Growing women in coffee

« Woman in Coffee » est une initiative de Samson Koskei, président de la coopérative Kabng’etuny. Lorsque sa coopérative a été certifiée Fairtrade, il a décidé de mettre son serment en œuvre et de mettre en pratique le principe d’égalité. Il a pris la décision de donner une partie de ses plantes de café à sa femme et a demandé à son conseil d’administration et à ses membres de faire de même.

La plupart des travaux effectués dans les petites exploitations le sont par des femmes. Cependant, les membres de nombreuses coopératives sont souvent des hommes. D'où vient ce deséquilibre? Seuls ceux et celles qui possèdent des terres ou des plants peuvent être membres d’une coopérative. Traditionnellement, la plupart des femmes ne reçoivent pas de terres lors du décès de leurs parents: ce sont toujours les fils qui en héritent. En lui donnant des plantes, Samson a donc permis à sa femme de devenir, elle aussi, membre de cette coopérative. Il lui a fallu beaucoup d’efforts pour convaincre d’autres hommes de faire de même.Néanmoins, il n’a pas abandonné et après trois ans, il y avait 100 femmes membres de coopératives.

Avec le soutien de Fairtrade Africa, les femmes se sont regroupées au sein d’une association « Woman in Coffee » et ont apporté leur café aux enchères, qui a d’ailleurs reçu le prix le plus élevé. Un succès inattendu. C’était il y a quelques années : entre-temps, plus de 300 femmes sont membres et chaque agriculteur trouve normal de donner des plantes à sa femme et à ses enfants. Le nom de leur café ? « Zawadi Coffee », le nom swahili pour « cadeau ». Parce que le café est le cadeau qui permet aux femmes de leur redonner la vie.

Un autre objectif du projet était de réduire l’utilisation du bois pour la cuisson et le nettoyage : l’inhalation de la fumée noire était un gros problème. Maintenant, ils sont passés au biogaz, qui est beaucoup plus efficace et crée également des emplois supplémentaires.