Le travail c’est la santé dit le dicton. C’est peut-être vrai, du moins, quand les conditions de travail le permettent. Le commerce équitable œuvre chaque jour à créer un cercle vertueux qui permet de renforcer les producteurs pour qu’ils puissent se projeter positivement dans l’avenir… en préservant leur santé. Une préoccupation – ou un vœu pieux - qui somme toutes, est partagée par l’humanité toute entière, n’est-ce pas ?
50% des produits certifiés Fairtrade sont aussi certifiés Bio. Une partie des produits certifiés Fairtrade ne le sont donc pas mais doivent respecter des critères contraignants dont le but est de respecter l’environnement. Ceux-ci sont la pratique d’une agriculture raisonnée, la protection des ressources naturelles, l’interdiction d’utiliser des pesticides dangereux, l’interdiction de l’utilisation de semences génétiquement modifiées et la protection de ressources naturelles.
L’accès à l’eau propre et à des installations sanitaires de qualité peut être une réelle difficulté pour coopératives de producteur.rice.s et leurs communautés. La prime Fairtrade (qui est un montant en plus du prix Fairtrade qui doit être réinvesti dans la communauté) est investie dans des projets d’accès à l’eau potable et aux sanitaires pour les communautés. D’autre part, les standards invitent également à mettre en place des systèmes de récupération et de gestion de l’eau dans les pratiques agricoles.
Un autre exemple nous amène en Colombie à Farallones où la « Cooperative de los Andes », une coopérative de producteurs de café, a décidé d’utiliser la Prime Fairtrade pour investir dans une station d’épuration d’eau. Les résidus d’eau provenant des stations de lavage de café sont toxiques et bien souvent ils se retrouvent dans les systèmes de distribution d’eau locaux sans aucun traitement préalable. La station d’épuration d’eau filtre, stérilise et rend l’eau neutre en PH avant qu’elle ne soit réinjectée dans le système de distribution. Les résidus solides sont pour leur part transformés en fertilisants compacts, utilisés par les fermiers de la coopérative. (photo 2 © Sean Hawkey). Ce ne sont que deux exemples, mais au-delà de l’obligation de gérer en bon père ou mère de famille les ressources naturelles, Fairtrade amène les communautés à investir dans la protection de leur environnement et donc aussi dans leur santé.
Ce ne sont que deux exemples, mais au-delà de l’obligation de gérer en bon père ou mère de famille les ressources naturelles, Fairtrade amène les communautés à investir dans la protection de leur environnement et donc aussi dans leur santé.
L’interdiction d’utiliser des pesticides dangereux est une norme fréquemment citée. La liste des pesticides est régulièrement mise à jour et dépend d’un secteur à l’autre. Le cap à suivre, pour les producteurs certifiés Fairtrade non Bio, est l’agriculture raisonnée dans le stricte respect des normes définies par Fairtrade International. Ainsi, même dans le cadre d’une production non Bio, les produits Fairtrade respectent mieux l’environnement que leurs équivalents conventionnels non labellisés. Ils respectent encore davantage la santé des travailleurs et producteurs car leur protection est particulièrement réglementée (formations à l’utilisation des produits, équipements adaptés, interdiction stricte de certains pesticides, utilisation réduite au minimum des produits tolérés).
Lorsqu’un audit (par l’organisation indépendante Flocert) révèle des manquements à ces règles, la coopérative incriminée doit directement prendre action et les sanctions peuvent aller de la suspension jusqu’à la perte de la certification. Comme pour tout autre standard, lorsqu’une norme n’est pas respectée, Fairtrade cherche à en connaitre la raison. Parfois, il s’avère qu’une formation est nécessaire ou que la coopérative se trouve dans une situation de gouvernance ou financière difficile. Il faut dès lors accompagner et non seulement sanctionner.
Les producteurs sont unanimes. S’ils pouvaient choisir, ils feraient tous du biologique, bien plus sain pour l’environnement et la santé de leurs enfants. La réalité est malheureusement que la majorité des producteurs vivent dans (l’extrême) pauvreté, et que les moyens d’investir sont rares voire inexistants. Dans cette situation, la priorité revient à nourrir sa famille. Le commerce équitable vise donc à créer un plan de développement en collaboration avec les producteurs. Cela fonctionne parce que l’échange est gagnant-gagnant : le producteur investit dans une production plus responsable mais reçoit aussi un meilleur prix pour son produit. D’expérience, nous voyons qu’une fois lancés grâce au commerce équitable, bon nombre de producteurs se lancent ensuite aussi dans le Bio.
Au cœur du Fairtrade, il y a les standards sociaux composées de normes qui visent à renforcer la position et l’autonomie des producteur.trice.s et travailleur.e.s du Sud. Ceux-ci concernent :
En observant ces normes par le prisme de la santé, l’on ne peut que constater l’importance qu’elle revêtent pour sa protection. Dans les conditions de travail réglementées, il y a la durée du travail, le temps de repos, les jours de vacances, de maladie, la protection de la maternité. L’organisation en collectivités démocratiques permet de donner une voix à tous les travailleur.euse.s et à tous les producteur.euse.s de la coopérative pour faire valoir leurs droits et participer à la prise de décision (notamment en matière d’utilisation de la Prime Fairtrade). Bien souvent il y est question de santé : investir dans du matériel nouveau, la construction de postes de santé, des formations ou de meilleurs sanitaires par exemple.
En Afrique du Sud par exemple, l’organisation ALG Boerdery Fairtrade a utilisé la Prime Fairtrade pour construire des infrastructures pour la communauté (crèche, structures sportives) et pour faciliter la fréquentation de l’école pour les enfants de producteurs.
Au-delà des standards et de l’utilisation de la Prime Fairtrade au bénéfice de la communauté, les réseaux de producteurs du mouvement Fairtrade (Fairtrade Africa, Napp, CLAC) organisent quantité de formations qui visent l’amélioration de la qualité de vie des producteurs et productrices. L’une des plus connues est la « Women’s school of Leadership » qui, en outillant et formant les femmes productrices et leur entourage pour qu’elles puissent prendre en mains leur destin, apporte un changement concret dans leur quotidien. Après leur formation, les femmes connaissent leurs droits et sortent renforcées et déterminées à prendre leur place dans la prise de décision, que ce soit dans leur foyer ou au sein de la coopérative.
Dans les standards Fairtrade, il y a toutes les normes qui concernent les aspects liés au commerce/aux relations commerciales le financier. Celles-ci comprennent le Prix minimum Fairtrade garanti et la Prime Fairtrade, mais aussi le préfinancement des récoltes, les salaires et des questions concernant la réglementation du flux des marchandises, la traçabilité etc… Comme nous avons pu le voir ci-dessus, la Prime Fairtrade est régulièrement utilisée au bénéfice de la santé des producteurs des coopératives. Au-delà de la Prime, l’accès à une juste rémunération donne accès à une alimentation de qualité et en suffisance, la base d’une santé préservée.
Au sein de Fairtrade il existe des exemples d’épargne commune (et même d’épargne-pension) au sein des communautés pour faire face à des imprévus en matière de santé ou d’infrastructure. Un.e producteur.trice qui vit dans la pauvreté aura le plus grand mal à préserver sa santé et à soigner, lui ou elle et sa famille, les cantonnant encore davantage dans une situation inhumaine.
Quand on parle de commerce équitable, c’est souvent la question du prix qui vient à l’esprit. C’est logique car l’ambition de Fairtrade est que tous les producteurs « du Sud » puissent obtenir un revenu vital. Sans un prix juste, inutile d’espérer atteindre un jour un revenu vital. C’est quoi, un revenu vital ? C’est un revenu avec lequel une famille peut au moins satisfaire ses besoins de base, tels qu’un régime alimentaire nutritif, un logement décent avec des sanitaires corrects, les frais de scolarité pour les enfants, les soins de santé, un moyen de transport et une petite épargne.
Pour terminer, le droit à un revenu vital renvoie à l’article 23 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme qui affirme notamment que « Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale”. Voilà un droit qui nécessite encore bien d’efforts à travers le monde et Fairtrade en a fait le cœur de son combat.
Un revenu vital permet de prendre soin de soi et de sa famille, d’épargner pour faire face aux soubresauts du destin (comme un accident, une opération, une maternité difficile), de reprendre le travail sans que tout ce soit écroulé et de pouvoir continuer à travailler au quotidien … mais le cercle vertueux ne fonctionne que si les condition de travail sont bonnes, c’est-à-dire des conditions où il est possible de prendre soin de la santé et du bien-être de tous et toutes, où chacun.e jouit des mêmes chances, peut faire entendre sa voix, et où l’environnement est préservé. Les standards Fairtrade sont là pour apporter un cadre et veiller à donner un maximum de chances au « cercle vertueux ». Loin d’être un système sans faille, l’alternative au commerce conventionnel mis en œuvre par Fairtrade a le mérite d’analyser en profondeur les causes systémiques de la pauvreté ainsi que ses conséquences, de proposer des solutions concrètes avec des résultats visibles et mesurables à tous les niveaux qui touchent aux conditions de vie des communautés des producteurs et travailleurs du Sud.