Cacao

Le chocolat: Le revers de la médaille

Lors des fêtes et des célébrations familiales, petit.e.s et grand.e.s se régalent de chocolat noir, blanc et au lait. Comment est-il possible que nous profitions de notre petits plaisirs, alors qu'à l'autre bout de la planète des enfants travaillent pour produire notre chocolat ? Il est temps d'ouvrir les yeux sur une réalité pressante.

Deux faces d’une même pièce

D’après l’Initiative Internationale du Cacao, 1,56 million d’enfants travaille dans la filière cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana, pays qui produisent la majorité du cacao. Bien que le travail des enfants soit complexe, et que souvent les enfants aident plutôt leurs parents dans les champs, il peut aussi nuire à leur santé, à leur développement ainsi qu’à leur éducation. À la base du problème, la pauvreté, d’abord.

On estime qu’en moyenne, les producteur.rice.s de cacao au Ghana et en Côte d’Ivoire gagnent 0,67 euros par jour, une somme dérisoire qui les place en situation de pauvreté absolue. Le contexte économique les pousse à vendre leur cacao à des prix qui ne couvrent même pas le coût de production. En outre, l'inflation à laquelle nous sommes confrontés au niveau mondial fait également grimper les prix des produits de première nécessité en Afrique de l'Ouest. Le coût de la vie, notamment en Côte d'Ivoire, a augmenté de 14 % et le coût de production de la culture du cacao s'est complètement emballé. Les prix des engrais, par exemple, ont augmenté de 50 à 60 %. Il ne faut pas être un mathématicien pour comprendre que cela ne fait qu'enfoncer davantage les producteur.rice.s dans la pauvreté.

Le marché du cacao représente 130 milliards de dollars mais seuls 6 % de cette somme arrivent chez les producteur.rice.s. Par conséquent, ceux-ci tentent par tous les moyens d’augmenter leurs rentrées. Certains ont ainsi recours au travail des enfants.

Engagement de Beyond Chocolate

La problématique du travail des enfants dans la filière cacao est connue depuis longtemps mais les solutions qui ont été développées pour y remédier le sont également. Déjà en 2001, on visait à éliminer le travail des enfants au travers du protocole Harkin Engel (partenariat public-privé volontaire pour éliminer les pires formes de travail des enfants). Plus de vingt ans plus tard, force est de constater que le protocole est resté lettre morte et que le travail des enfants dans la filière de cacao demeure d’actualité. Une triste actualité qui a poussé tout récemment Beyond Chocolate, le partenariat belge pour une industrie de chocolat durable, à adopter un engagement de lutte contre le travail des enfants. Cet objectif s’ajoute aux autres engagements du partenariat, tel que celui qui prévoit que tous les producteurs qui alimentent le marché belge en cacao pourront avoir accès à un revenu vital.

Législations en vue

Côté politiques, on observe aussi une prise de conscience renouvelée. Notamment dans le cadre des préparatifs autour des législations belge et européenne concernant le devoir de vigilance des entreprises. Quant aux gouvernements ghanéen et ivoirien, eux aussi prennent des mesures importantes, comme l’adoption du "Différentiel de Revenu Décent (DRD)" qui impose aux entreprises de payer une prime de 400 dollars la tonne afin de lutter contre la pauvreté récurrente des producteurs de cacao, et donc contre le travail des enfants.

Le rôle des consommateur.rice.s

Au vu de ces récents processus, on peut espérer voir la lumière au bout du tunnel. Toutefois, leur aboutissement n’est pas pour tout de suite. Cela implique qu’en tant que consommateur.rice.s, nous avons aussi un rôle à jouer en choisissant consciemment le chocolat que nous mangeons, afin de pousser les politiques et les entreprises dans la bonne direction. Il existe aujourd’hui des alternatives, comme le chocolat Fairtrade, qui permettent de lutter contre la pauvreté endémique des producteurs de cacao et le travail des enfants.

Mais pour maximaliser l’impact de ces alternatives, il faut qu’elles soient soutenues par un maximum de consommateur.rice.s. Ce n’est qu’ainsi que les choses pourront bouger. Choisissons donc ces alternatives, afin que le chocolat devienne un produit qui bénéfice tous les enfants, non seulement les nôtres.