Comment est-ce possible ? Les engagements ne manquent pourtant pas. Dans le cadre des Objectifs de développement durable, la communauté internationale se fixe pour but d’abolir le travail des enfants à l’horizon 2025. Le Royaume-Uni, l’Australie, la France et les Pays-Bas se sont dotés d’une législation qui oblige les entreprises à prendre des mesures à cet effet au niveau de leurs chaînes d’approvisionnement. D’autres pays prévoient de leur emboîter le pas.
Mais comment transformer ces engagements en résultats tangibles ? Les causes du travail des enfants sont multiples mais le facteur économique arrive toujours en tête. Tant que les familles ne seront pas en mesure de tirer un revenu vital (*) de leurs cultures et que les jeunes n’auront pas de perspectives d’emploi acceptables, il sera difficile de réaliser les ODD.
Fairtrade œuvre en faveur d’un revenu vital pour tous les paysans et ouvriers. Nos standards ont toujours strictement interdit le travail des enfants, de même que le travail forcé. Mais au fil du temps, nous avons compris que seuls les standards et les audits ne peuvent résoudre ce problème profondément enraciné.
Nous avons donc commencé à faire évoluer notre stratégie il y a dix ans. En 2009, nous sommes devenus le premier système de certification à implémenter une approche d’abolition du travail des enfants qui se fonde sur les droits et qui garantit que la protection des enfants figure au nombre des résultats clés. Nous avons parlé avec des milliers d’enfants et de jeunes au sein des communautés de producteurs certifiés Fairtrade pour en savoir plus sur leurs idées et leurs besoins. Nous avons également collaboré avec d’autres ONG, des organisations de défense des droits des enfants, des universités, des entreprises et des gouvernements afin de trouver des solutions susceptibles de réunir tous les intervenants de la chaîne d’approvisionnement.
Un bilan de ces dix années nous indique qu’il y a quatre enseignements à retenir :
Mettre un terme au travail des enfants dans les fermes ne suffit pas
Cette année, le thème choisi pour la Journée mondiale contre le travail des enfants est le suivant : « La seule chose qu’un enfant devrait faire travailler est son imagination ! » C’est un appel assurément valable. Mais nous devons aussi porter nos regards au-delà des champs de culture. À l’occasion d’un atelier organisé récemment aux Philippines, la fille d’un producteur de canne à sucre nous avait expliqué que « la violence sexiste est omniprésente dans ma communauté ». Des enfants qui vivent au sein des communautés de producteurs Fairtrade et alentour nous racontent qu’ils ont été victimes d’abus chez eux, dans leur village ou à l’école. Nous ne pouvons pas abolir le travail des enfants dans l’agriculture sans résoudre les causes des abus et de la violence qui ciblent les enfants et les jeunes.
L’approche de Fairtrade englobe l’ensemble de la communauté au sein de laquelle vivent les paysans, les ouvriers et leurs familles. D’où son nom : Youth Inclusive Community Based Monitoring & Remediation (YICBMR) sur le travail des enfants.