Le commerce équitable, un levier pour les droits des femmes

 

Mettre fin aux inégalités femmes-hommes : un défi au cœur du commerce équitable

50 % de la nourriture mondiale est produite par des femmes. Dans pays de l'hémisphère sud, ce chiffre peut atteindre 80 %. Elles y sont pourtant confrontées à de grandes inégalités :

  • Les femmes sont davantage exposées que les hommes à la pauvreté. Selon une étude de Fairtrade Advocacy Organization, à travail égal, les agricultrices des pays du Sud sont payées 30 à 40 % de moins que les hommes, voire ne perçoivent pas de revenus alors qu’elles participent activement aux tâches agricoles (dans certains pays, le travail de main d’œuvre effectué par les femmes atteint 80%, sans qu’elles n’aient directement de rémunération).
  • Souvent, elles ne parviennent pas à faire entendre leurs voix pour peser sur les décisions concernant l’utilisation des ressources familiales, la gestion des communautés dans lesquelles elles travaillent ou tout simplement leur avenir.
  • Dans de nombreuses régions, elles sont privées de leurs droits à la terre, au crédit bancaire, à la protection sociale, à la formation.

Le label Fairtrade adresse les problématiques de genre

Dans les coopératives certifiées,  une attention particulière à « l’empowerment » des femmes

Pour les femmes qui travaillent au sein des coopératives certifiées, et qui représentent 25 % des producteurs et travailleurs du mouvement Fairtrade, les bénéfices du commerce équitable sont significatifs : celui-ci renforce leur indépendance économique et leur autonomie. En prenant part à la gouvernance des coopératives agricoles elles participent aux décisions – votées de façon démocratique – relatives à la gestion collective.

Cela change non seulement leur regard sur elles-mêmes, mais aussi leur position dans la société et au sein de leurs foyers : elles sont en mesure de faire valoir leurs droits et de prendre en main leur avenir, ainsi que celui de leurs enfants, notamment à travers la scolarisation et l'accès aux soins.

Sur le terrain : Les productrices de café en Ouganda

La coopérative « Bukonzo Joint Coffee », en Ouganda, réunit environ 5 500 familles de producteurs de café. Une large majorité de ses membres sont des femmes, grâce à une politique d’adhésion conjointe des couples mariés. Avec le soutien de Fairtrade, la coopérative a engagé des initiatives pour éliminer les inégalités de genre et favoriser l’intégration des femmes à la vie de l’organisation. Certaines de ces initiatives ont vu le jour au sein-même des foyers, telles que la répartition équitable du travail ou la prise de décisions communes sur l’utilisation du budget familial.

Des standards pour protéger les droits des travailleuses salariées

Pour Fairtrade, travailler étroitement avec les organisations à main d’œuvre salariée permet de soutenir un plus grand nombre de femmes.

Elles sont particulièrement nombreuses dans les fermes horticoles en Afrique de l’est pour la production de fleurs, et dans les plantations de thé en Asie et en Afrique. Dans les organisations certifiées Fairtrade, 42% des travailleurs agricoles sont des femmes.

Les standards du label Fairtrade incluent des critères spécifiques qui visent à protéger les droits des femmes et favoriser l'égalité avec les hommes, par exemple :

  • La non-discrimination dans le recrutement, le salaire, la formation. 
  • La lutte contre les intimidations sexuelles ou les attitudes injurieuses. 
  • La mise en place de protections sociales trop souvent non obligatoires dans le cadre des lois nationales, comme la sécurité sociale et le congé de maternité.

Au-delà du label, des programmes pour consolider la place des femmes dans les communautés

"Le commerce équitable a pour objectif l’amélioration de la vie des familles et des communautés. Cela n’est pas possible sans la participation active des femmes. C’est pourquoi elles ne peuvent pas être exclues des décisions. S’impliquer dans la vie de l’organisation ne veut pas forcément dire faire le même travail. Cuisiner pour les travailleurs a la même valeur que prendre une machette, mais les femmes doivent avoir le choix de leur participation !"

Marike de Peña, directrice de la coopérative de producteurs de banane Banelino en République dominicaine

Les coopératives certifiées proposent des programmes permettant d’améliorer la situation économique et sociale des femmes à long terme :

  • De plus en plus de communautés introduisent des quotas pour renforcer la participation des femmes.
  • La prime de développement, versée aux organisations de productrices et producteurs en plus du prix d’achat de leurs récoltes, peut être utilisée pour la mise en place de projets qui facilitent la vie quotidienne des femmes : accès à l’eau potable, services de santé ou de garde d’enfants, transports...
  • Ces initiatives leur permettent de s’investir davantage dans des activités telles que l’éducation ou la formation, mais aussi de jouer un rôle plus actif dans leurs organisations, leurs communautés et leurs familles.
  • Les réseaux de producteurs Fairtrade dans les 3 continents mettent en place des programmes spécifiques de promotion et de sensibilisation à l’égalité femmes-hommes. Par exemple, des écoles de leadership des femmes ont été créées en Amérique Latine et en Afrique.

Sur le terrain : une École de Leadership pour les femmes en Côte d'Ivoire

Depuis 2017,  24 femmes issues de 7 coopératives ivoiriennes de cacao ont participé à un programme innovant qui vise à lutter contre les inégalités de genre et à renforcer la position des femmes au sein de leur coopératives et communautés : l'École de Leadership. Grâce à un plan de formation rigoureux, qui a déjà fait ses preuves en Amérique latine, les étudiantes de la promotion acquièrent des compétences en finance, négociation et prise de décision, tout en étant sensibilisées aux enjeux liés à l’égalité de genre.

En savoir plus

La place des femmes, leur accès au pouvoir et à la prise de décision restent un défi dans de très nombreux pays. Le commerce équitable n’est pas le seul facteur déterminant du changement mais, avec le soutien des consommateurs, il peut faire bouger les lignes et contribuer à construire une société plus juste.