Le consommateur belge demande un commerce plus equitable. La preuve en chiffres.

Le consommateur belge accorde de plus en plus d’importance à une rémunération juste des agriculteurs. Le label Fairtrade (anciennement Max Havelaar) le guide dans ses choix éthiques et la confiance qu’il lui porte se traduit dans les chiffres : en 2018, les produits labellisés Fairtrade montrent une croissance de 26%, ainsi qu’une plus forte pénétration sur le marché belge.

La tendance positive des dernières années se poursuit invariablement. Cela démontre à la fois l’exigence du consommateur pour des produits plus éthiques et l’engagement croissant de l’industrie et de la grande distribution, qui en augmentent la disponibilité dans les rayons. C'est aussi le cas de magasins plus petits et d'établissements spécialisés où la présence et la vente de produits portant le label progressent sans cesse. Et c’est une bonne nouvelle pour les producteurs de la filière du commerce équitable, car le volume sur le marché et l’impact sur la qualité de vie sont étroitement liés.

Les belges accordent une attention grandissante au caractère durable des produits qu’ils mettent dans leur panier. Ils désirent savoir de quoi ils sont composés, leurs origines et conditions de fabrication. Une étude menée par Accenture2 auprès de 35 000 personnes dans 35 pays révèle que pour 62% de ces consommateurs, la capacité des marques à prouver qu’elles respectent les valeurs éthiques et à démontrer leur authenticité, influence directement les choix de consommation. Savoir ce que les marques mettent en place pour que leurs chaînes d’approvisionnement deviennent plus éthiques et durables, en fait partie.

Le label Fairtrade, une question de confiance

Une enquête récente montre que 93% des belges qui reconnaissent le label noir, bleu et vert de Fairtrade lui font confiance. Il leur permet de décider facilement si le produit provient d’une filière responsable.

Plus de trois quarts des belges achètent des produits certifiés et 70% d’entre eux aimeraient voir un plus grand assortiment en magasin. Si davantage de personnes font aujourd’hui le choix du Fairtrade, la variété de produits équitables dans leur panier a elle aussi, augmenté. Un signe de confiance indéniable confirmée d’année en année : en 10 ans, la prime de développement Fairtrade générée par les ventes de produits équitables sur le marché belge a triplé.

Dans le large assortiment disponible, demeurent en tête du peloton : le café, les bananes et les produits à base de cacao comme le chocolat. Pour cette dernière catégorie, le volume sur le marché belge a même doublé par rapport à 2017.

Payer le prix pour que les producteurs gagnent correctement leur vie

Le challenge reste pourtant énorme. En termes de parts de marché, si près d’une banane sur cinq était Fairtrade en 2018, le café et le chocolat n’atteignent pas encore la barre des cinq pourcents.

La marge de progression est donc immense. Cela signifie aussi que le potentiel d’amélioration de la qualité de vie des producteurs est important et réel : car même avec une demande encore trop faible, le Fairtrade apporte déjà du changement dans la qualité de vie d’un grand nombre de personnes à travers le monde.5

« Pour que le commerce équitable puisse apporter une différence plus grande dans la qualité de vie des producteurs, il faut fortement stimuler la demande, notamment en sensibilisant un public plus large » souligne Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium. « C’est important, car aujourd’hui les producteurs certifiés ne peuvent vendre qu’une partie de leur production aux conditions Fairtrade. L’impact est donc dilué, car le reste de la production doit être vendu aux conditions conventionnelles, sans garantie du prix minimum et sans prime additionnelle. »

La mobilisation des consommateurs et leur attachement à plus de transparence et d’équité n’est donc à lui seul pas suffisant. Il faut aussi un engagement croissant des marques, des distributeurs et du monde politique.

Les producteurs de café en deuil

Malgré ces chiffres positifs une majeure partie des familles et des travailleurs du sud qui produisent notre nourriture vivent dans la pauvreté. C’est le cas par exemple d’un grand nombre de producteurs de café, ce breuvage tant apprécié en Europe.

Le 11 avril, le réseau de producteurs Fairtrade en Amérique latine (CLAC) appelait toute l’industrie du café à payer le prix minimum Fairtrade, suite à la chute dramatique des prix.

La plupart des producteurs sont impuissants face à la volatilité du prix de référence déterminé à New York. Il y a quelques semaines encore, les grains de café se négociaient à moins d’un dollar la livre, le niveau le plus bas depuis plus de 13 ans. Ce prix est bien inférieur au coût de production et comporte de lourdes conséquences. De plus en plus de producteurs d’Amérique centrale abandonnent aujourd’hui leurs terres pour tenter leur chance en rejoignant une des caravanes migrantes vers les Etats-Unis.

Remettre l’humain au centre des relations commerciales

Toute initiative de développement durable ne peut prendre racine que si les producteurs gagnent correctement leur vie. Sans cela, les autres efforts visant à éviter les conséquences dramatiques de l’extrême pauvreté comme l’exode rural, les migrations, le travail des enfants et la déforestation, sont déforcés.

Le choix le plus efficace est celui d’investir dans les personnes qui se trouvent derrière les chaînes d’approvisionnement. Lorsque les agriculteurs, en retour de leur travail, peuvent compter sur des revenus suffisants (vitaux), ils ont l’occasion d’investir dans des pratiques agricoles durables et créer ainsi une base de développement solide pour les prochaines générations.

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