Témoignages du Pérou

 

Partir au Pérou pour découvrir la véritable histoire des personnes qui sont à l'origine des bananes Fairtrade est une sacrée entreprise. Etaient de l'aventure: David Mendez (artiste d'origine Belgo-Péruvienne), Charles Snoeck (notre porte parole), le réalisateur et le caméraman de Aap Media et Heleen De Wulf (responsable des relations publiques), qui est aussi la personne qui a pensé et organisé tout ce périple. La destination exacte? APPBOSA, une coopértative certifiée Fairtrade qui cultive des bananes depuis 2004 à Samán, une vallée dans le Nord-Ouest du Pérou. Elle réunit 463 producteurs qui ensemble cultivent 620 hectares de plantations de bananes.

APPBOSA n'a pas été choisi par hasard: il y a 6 ans, l'artiste Pieter Embrechts partait avec nous pour la même destination pour découvrir l'histoire de la banane Fairtrade. Il y rencontra Leydi Jimena qui avait alors 8 ans. Aujourd'hui c'est une ado épanouie et joviale. Ici, vous pouvez en savoir plus sur elle.

Mais Heleen aime collectionner toutes sortes de belles histoires. Les plus belles d'entre-elles sont à découvrir ci-dessous.

Top chef au Peru

Pour de vrai! Pas pour la télé, mais avec le même sérieux, microphone compris!

‘Taller gastronomia’, c'est le nom d'une série d'ateliers de cuisine, financés par la Prime Fairtrade. Toutes les personnes de la communauté, même celles et ceux qui ne sont pas directement liés à la coopérative APPBOSA, peuvent participer. Un exemple de comment la Prime Fairtrade peut profiter à toute une communauté...

Les participants reçoivent une série de cours sur comment cuisiner sain, varié et avec du goût. Après une courte discussion avec les apprentis cuistos, il semble évident que tout le monde y trouve son compte: les délicieux mets sont l'occasion de profiter encore plus des moments en famille, les collations et les dîners des enfants sont plus sains et plus appréciés, et certain.e.s participant.e.s s'engagent même dans une micro-entreprise d'alimentation. Lorena par exemple, s'est lancé dans la vente de poulets rotis dans le village. Elle traverse le village de parts en parts sur sa mobilette, pour vendre en un temps record ses repas tout frais sortis de la cuisine.

Juste quand j'arrive à Saman (le village de la coopérative APPBOSA), des ateliers de cuisine de deux cycles s'achèvent avec une foire gastronomique. Une talentueuse participante présente son art culinaire dans une symphonie de goûts, de fragrances et de couleurs.

Je reçois alors la question suivante: si je veux bien choisir le mets le plus fin et le plus soigné, le tout avec à la clé une remise de prix officielle... sans oublier, bien sûr, le fidèle micro! Au secours! Comment puis-je choisir un.e gagnant.e parmis tant de choix, et après tant de travail et d'abnégation de la part des participants! Pour moi, tout le monde a gagné! Mais je me rends compte que je ne m'en sortirai pas si facilement. Je jette un oeil à mon collègue Charles, suivi d'un message clair: aide-moi à faire le BON choix!

Une fois le permier coup de stress derrière le dos, je me lance, accompagnée de Charles, dans un incroyable voyage gustatif. Mais plus nous dégustons, plus nous sentons dans notre dos et sur nos épaules les regards et les espoirs des participantes, plus notre estomac se noue, et plus il devient difficle de faire un choix. Parce que c'est fou combien ses femmes savent bien cuisiner! 

La gagnante? Elle avait préparé une cevichesabrosisimo (plat national) et un cake à la banane à tomber par terre. Et voilà comment la banane Fairtrade à retrouvé sa juste place dans cette histoire!

La confession de Doña Justa

La confession la plus extraordinaire nous vient de la grand-mère de Leydi, doña Justa. Après avoir vérfié, non pas une fois mais trois fois si des petites oreilles n'écoutent pas aux portes ou trainent dans les environs, elle nous livre sa petite confession....qu'un jour, elle et son mari, après une dure journée de labeur, restèrent dans le champ pour ... faire l'amour. Les yeux brillants d'espièglerie, elle rit. Son mari est décédé il y a sept ans mais avec ce témoignage, c'est comme s'il était là, parmis nous, assis à cette table, à rire avec nous de la confession de sa femme. 

Quelle belle personne, doña Justa. Elle a donné naissance à huit enfants et aujourd'hui son foyer s'est agrandi de pas moins de dix-neuf petits-enfants! Elle ne lit pas, n'écrit pas et son enfance est la zône sombre de son histoire. Elle voulait résolument qu'il n'en soit pas de même pour ses propres enfants. Elle et son mari y sont parvenus au-delà de leurs espérances. 

Ses mains révèlent une vie de dur labeur. Son visage est marqué par les nombreuses histoires qui ont traversé sa vie. Une femme pleine de sagesse.

Ce qui me frappe encore plus encore, c'est comment, aujourd'hui malgré son âge avancé, elle regarde le monde et la vie avec réalisme, les yeux grands ouverts. Alors qu'elle n'a vu qu'une toute petite parcelle de cette terre. Quel soif de vie! Je trouve qu'elle a le plus beau sourire du monde.

J'ai particulièrement aimé comment elle raconte le rituel pour nourrir les animaux. D'abord, ce sont les poules qui peuvent venir à table. Elle reste patiemment à côté d'elles, jusqu'à ce que la dernière miette disparaisse. Parce qu'elle veut éviter que les moutons ne s'emparent de la nourriture des poules. Puis, c'est le tour des moutons. Elle raconte avec franchise et sans réserve, parfois elle se met à rire et parfois elle efface du revers de la main, une larme. Elle dit aussi qu'elle est convaincue que son mari, de là où il est, l'observe avec fierté. Et je la crois.

 

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