Tout le monde à la banane à Louvain


Le 4 mai, à l'occasion de la Journée Mondiale du Commerce Equitable, nous avons submergé la résidence Groeneveld de la KU Leuven de bananes ! Un geste symbolique, car la Belgique abrite la plus grande collection de variétés de bananes au monde. Après plus de 35 ans de recherche, les chercheurs de la KU Leuven ont collecté des échantillons d’au moins 1 536 variétés de bananes comestibles et non comestibles. Le laboratoire est devenu un centre de recherche sur la banane, de renommée internationale.

De cette façon, nous mettons littéralement les droits sociaux des producteurs de bananes, sous les projecteurs et nous appelons les consommateurs, les organisations et les gouvernements belges à s’engager pour un secteur bananier durable.

Pas de transition durable sans justice sociale

Mais : pouvons-nous parler de durabilité si nous oublions les personnes qui cultivent nos bananes ? La réponse est simple : non. Chez Fairtrade, nous voyons les choses différemment : nous nous engageons pour plus de justice sociale dans les chaînes alimentaires et de production. Tous les producteurs de bananes méritent un prix juste pour ce qu'ils cultivent. Ce n'est qu'alors que nous pourrons parler de bananes durables.

La justice sociale dans le secteur de la banane

Le droit à un salaire ou à un revenu vitale est encore loin d'être une réalité pour de nombreux agriculteurs aujourd'hui. En moyenne, le prix des bananes n'est pas suffisant pour assurer un revenu vitale aux planteurs et cultivateurs de bananes en Amérique latine. Bien trop souvent, les producteurs ne reçoivent même pas un revenu qui couvre les coûts de production.

Il paraît difficile de résister à un kilo de bananes à 99 cents, alors que ces bananes sont en tous points identiques aux bananes plus chères d'à côté. Mais ce kilo de bananes coûte-t-il vraiment 99 cents, si l'on tient compte de tout ce qui est nécessaire à leur culture et leur vente ? Ce prix couvre-t-il tous les coûts de leur culture et de leur transport ? Pour le savoir, nous devons examiner les coûts externes.

Les coûts externes, ce sont des coûts qui n'apparaissent pas dans le prix d'un produit, mais qui existent bel et bien. Par exemple, si un producteur n’est pas assez payer pour une caisse de bananes, cela entraîne des coûts externes négatifs : son revenu ne peut pas couvrir les coûts de production de ses bananes, de façon durable. Les conséquences ne sont pas immédiatement perceptibles. Mais si le sol cultivable se dégrade, la quantité récoltée et la qualité des bananes en seront affectées aussi.

 À long terme, le producteur deviendra donc moins compétitif. Lui et sa famille se retrouveront dans une situation très difficile. Cela a des coûts sociaux, économiques et environnementaux pour la planète et la communauté. Et ces coûts ne sont pas inclus dans le prix que vous payez dans le magasin. Il s'agit d'un exemple qui montre, qu'outre l'aspect écologique d'un phénomène, il ne faut aussi pas perdre de vue l'aspect social.

Patience Adzimah, productrice de bananes à Ghana

Le défi est le suivant : un revenu vitale. Le marché du logement au Ghana est cher, et l'inflation est actuellement élevée. Mes revenus ne suffisent pas à payer la nourriture, le loyer et les autres dépenses. En plus de mon travail régulier, je dois fabriquer du savon que je vends sur le marché local. Pour exemple, je suis heureuse que dans quelques semaines, les prix de repas au champs seront beaucoup moins élevés. Il s'agit d'un projet de prime grâce auquel tous les travailleurs du champs peuvent bénéficier d'un repas décent.

Hans-Willem van der Waal, PDG d'Agrofair

Il y a un quart de siècle, les bananes du commerce équitable ont fait leur apparition dans les rayons des magasins européens. Elles ont été importées par la société néerlandaise AgroFair, qui appartient à 40 % à des petits producteurs de bananes - et qui représente toujours plus d'un dixième du marché mondial des bananes du commerce équitable.

"Chaque banane que nous mangeons provient de personnes qui ne sont pas assez payées. En fait, il s'agit d'une question morale : qu'est-ce qui nous donne le droit d'acheter un kilo de bananes à 99 centimes, alors que les personnes qui les cultivent ne reçoivent même pas assez d'argent pour satisfaire à leurs besoins fondamentaux ?

Nous parlons d'initiatives « en faveur » d’un revenu vitale - mais ça ne va pas assez vite. Donnez-moi une seule bonne raison pour que l’on continue comme ça, et que les cultivateurs continuent à vivre dans la pauvreté, afin que nous puissions manger des bananes bon marché. Quand les gens demandent comment parvenir le plus rapidement à un revenu vitale, c'est très simple. Je leurs réponds: "Achetez plus de bananes issues du commerce équitable."

Au Nicaragua, par exemple, si vous voulez obtenir un revenu vitale, vous devez payer environ 0,50 dollar de plus par caisse de bananes. L'année dernière, la baisse des prix du pétrole a réduit les frais d'expédition du même montant - 0,50 US $ par boîte. Les partenaires commerciaux auraient très bien pu dire : "Si nous répercutons ce gain de 50 cents sur les travailleurs, nous ne perdons pas d'argent, mais ils obtiendront un salaire correct." Immédiatement, ça place la barre plus haut, personne dans la chaîne d'approvisionnement n'est moins bien loti - cela aurait pu être fait sans que cela ne coûte rien à personne. Et si les frais de port augmentent à nouveau à l'avenir, tout le monde paiera un peu plus et personne ne le remarquera. C'est de la logique simple."

Faits concernant les bananes

  • En 2019, la part des bananes certifiées Fairtrade sur le marché belge était de 28,2 % - une croissance de 9,9 pourcent par rapport à 2018.
  • 72% des bananes Fairtrade en Belgique sont également certifiées biologiques. Même les bananes qui ne sont pas biologiques assurent un meilleur revenu aux producteurs de bananes.
  • Plus d'une banane sur quatre vendue en Belgique est certifiée "commerce équitable".
  • Les Belges mangent plus d'un kilo de bananes du commerce équitable chaque année
  • Les bananes sont cultivées dans 135 pays et constituent la culture la plus importante dans les pays tropicaux après le riz, le blé et le maïs.
  • Le commerce de la banane est important pour l'économie de nombreux pays d'Amérique du Sud, d'Afrique et d'Asie, avec une valeur d'exportation mondiale estimée à 7 milliards de dollars. Ils constituent également l'aliment de base de nombreuses personnes.
  • Les hauts plateaux d'Afrique de l'Est consomment 0,5 kg de bananes par personne et par jour - nulle part ailleurs on mange autant de bananes.
  • Il existe 1 536 variétés différentes de bananes, mais environ 47 % de toutes les bananes sont des bananes Cavendish.
  • Le port d'Anvers est le deuxième plus grand importateur et exportateur de bananes au monde.