Nouvelle étude démontre forte progression des salaires dans le secteur bananier en Colombie

L’étude calcule plus précisément combien les travailleurs de plantations de bananes en Colombie devraient gagner pour mener une vie décente et digne. Elle révèle que grâce à des relations professionnelles saines et équitables, de nombreux travailleurs dans les plantations Fairtrade du pays perçoivent déjà un salaire vital.

Le salaire vital pour les régions bananières de Magdalena, Urabá et Guajira en Colombie est chiffré à 1 644 569 COP par mois, soit 385 euros selon le taux de change actuel. Les résultats de l’étude montrent qu'en moyenne, les travailleurs syndiqués des plantations certifiées Fairtrade en Colombie perçoivent ce montant, et souvent davantage. 

Constatations générales 

En tenant compte du fait que les salaires des travailleurs de plantation diffèrent selon les tâches et les compétences, l'étude a révélé qu'environ la moitié des travailleurs bananiers colombiens perçoivent déjà un salaire vital. La majorité de ceux qui gagnent un salaire vital se trouvent à Urabá. Ceci en raison du taux de syndicalisation beaucoup plus élevé dans la région. 

Le salaire moyen en vigueur pour les travailleurs bananiers couverts par la convention collective de travail (CCT) est d'environ 3% de plus que le salaire vital estimé. Dans le même temps, le salaire moyen en vigueur pour les travailleurs non syndiqués est inférieur d'environ 16% au salaire vital. 

Presque tous les travailleurs de plantation de la région d'Urabá sont couverts par une convention collective de travail. Pour les régions de Magdalena et Guajira, c’est un peu moins de la moitié. 

Le rôle important des syndicats et des standards Fairtrade 

Les chercheurs soulignent que l’atteinte du salaire vital pour les travailleurs est principalement le résultat de la relation constructive de longue date entre le syndicat local, SINTRAINAGRO et l'organisation patronale locale, AUGURA. En Colombie comme ailleurs, Fairtrade a activement promu des relations professionnelles efficaces et la participation des travailleurs dans les exploitations agricoles certifiées. 

Le rapport mentionne également que les travailleurs des exploitations certifiées Fairtrade bénéficient de plusieurs avantages supplémentaires par rapport à l'accord salarial standard. La Prime Fairtrade - une somme d'argent supplémentaire que les travailleurs reçoivent pour chaque boîte de bananes Fairtrade vendues - contribue aux besoins essentiels des travailleurs et de leurs familles. Les travailleurs décident conjointement de l'utilisation de la Prime. Des exemples typiques incluent les prêts au logement, l’achat d’appareils électroménagers, le matériel et les bourses scolaires ou encore les projets communautaires.  

Cette constatation signifie également qu'en choisissant des bananes Fairtrade, les consommateurs jouent un rôle essentiel dans l'amélioration des conditions de vie des travailleurs et de leurs familles. 

Un processus d’amélioration continue 

Malgré ces résultats encourageants, le travail de Fairtrade est loin d’être terminé. Le maintien des résultats actuels nécessite un engagement continu, non seulement de Fairtrade mais de tous les partenaires au long de la chaîne d'approvisionnement.  

Il est aussi essentiel de continuer à soutenir le travail des syndicats locaux. Fairtrade poursuit sa collaboration avec les syndicats, les entreprises, les gouvernements, les ONG et d'autres parties-prenantes pour établir les conditions favorables qui permettent de garantir au minimum un salaire vital aux travailleurs.  

En République dominicaine, au Pérou, au Ghana et au Cameroun aussi, Fairtrade contribue également à établir des relations constructives entre les travailleurs, les syndicats et les employeurs. La gestion de la Prime Fairtrade est un autre moyen par lequel Fairtrade renforce la voix des travailleurs, leur permettant de se consulter, de prendre leurs propres décisions et de négocier avec la direction de la plantation. 

Plus d'efforts sont nécessaires pour tous les travailleurs du secteur bananier 

La réalité reste toutefois amère : la plus grande partie des travailleurs du secteur bananier dans le monde sont encore loin du salaire vital. Il y a des régions en Colombie et dans d'autres pays producteurs de bananes où beaucoup plus d’efforts sont nécessaires pour combler l'écart entre les salaires réels et un salaire vital.  

Il faudrait promouvoir l'accès au plein emploi et à des tâches mieux rémunérées, en particulier pour les femmes, afin qu'un salaire vital ne dépende pas de la chance et des compétences, comme le mentionne le rapport. Cela nécessite également de supprimer tout obstacle à la syndicalisation et à la négociation collective. Enfin, comme de nombreuses personnes dans le monde travaillent de manière informelle sans contrat, la formalisation des conditions de travail est essentielle pour qu'ils soient enregistrés, reconnus et mieux protégés. 

Fairtrade continuera de promouvoir un accord équitable pour les travailleurs et producteurs de bananes, en espérant que d'autres parties impliquées dans la chaîne d'approvisionnement et les consommateurs de bananes contribueront à l’objectif commun de conditions de travail équitables et dignes.