Salon du Chocolat: les producteurs de cacao ivoiriens s'invitent à la fête

Du 14 au 16 février, le Salon du chocolat s’installe à Bruxelles, l’occasion de fêter notre savoir-faire comme il se doit. Plus de 100 exposants seront de la partie, dont les grands noms du chocolat belge. Entre-temps, une délégation d’une vingtaine de producteurs de cacao ivoiriens a atterri aujourd’hui dans la capitale. Juste à temps pour se joindre aux festivités.

Elle n’est pas là pour une simple visite de courtoisie, la mission a un réel intérêt économique. Selon Fortin Bley, président du Réseau Ivoirien du Commerce Équitable (RICE), il est important que les producteurs soient présents à ce genre d’événements. « Nous allons à la rencontre de chocolatiers pour leur proposer des collaborations. N’oubliez pas que le chocolat belge ne pourrait pas exister sans les producteurs de cacao ivoiriens. »

En Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux plus grands exportateurs de cacao (60 % de la production mondiale), la situation dans le secteur du cacao est alarmante. Les fèves ont beau être convoitées de tous, la majorité des producteurs vivent dans une situation d’extrême pauvreté, sans accès à l’eau potable, l’électricité, l’éducation ou aux soins de santé. Pour faire bouger les choses, les producteurs investissent entre autre dans la transformation du cacao dans leur pays.

A mille lieues d’un revenu vital

Un des problèmes majeurs, c’est le prix que reçoivent les producteurs pour leur cacao : il est trop bas et ne leur permet pas de couvrir les coûts, en hausse, de l’agriculture durable et leurs dépenses quotidiennes.

Selon les chiffres collectés par Fairtrade, les cacaoculteurs ivoiriens sont rémunérés en moyenne moins de 67 cents par jour. « Pour mener une existence décente, c’est au moins 2,30 € que ces producteurs devraient gagner. Outre des investissements supplémentaires dans les coopératives et les communautés, les producteurs ont surtout besoin d’un meilleur prix pour leur cacao », assure Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium.

Pour l’organisation connue principalement à travers le label, l’enjeu est clair : « Tant que les producteurs n’ont pas un revenu vital, le secteur du cacao ne sera pas durable. Nous misons sur la collaboration entre les producteurs, les entreprises, les ONG, les responsables politiques et les consommateurs pour inverser la tendance. »

Prendre en main la transformation du cacao au niveau local

Pour relever le défi, une des solutions et de ramener la transformation du cacao au niveau local. « Les producteurs doivent s’organiser et prendre en main la transformation de leur cacao pour ajouter de la plus-value à leur activité. Le prix qu’ils reçoivent pour leur cacao augmenterait, leur assurant un revenu vital », explique Samuel Poos, coordinateur du Trade for Development Centre (TDC).

Le TDC, un programme lancé par l’Agence belge de développement Enabel, conseille les coopératives et les petites entreprises, dont plusieurs coopératives ivoiriennes rassemblant des cacaoculteurs, en matière de marketing et de gestion d’entreprise. La coopérative SCINPA, qui compte 300 membres à Agboville, a bénéficié du programme pour la commercialisation de sa propre marque de chocolat. L’ECAMOM, une des nombreuses coopératives de cacaoculteurs de la région de Méagui, a elle aussi reçu les conseils du TDC. Durant les séances de travail, la coopérative a constaté que le marché local était propice au lancement de leur propre barre de chocolat et de fèves de cacao torréfiées. Aujourd’hui, les produits sont vendus sur le marché sous le nom d’Elika.

Belvas a elle aussi bien conscience de l’importance de la transformation locale pour les cacaoculteurs. Sous le nom de KIMVAS, la chocolaterie belge certifiée Fairtrade et l’Ecookim, une union qui rassemble des coopératives ivoiriennes de cacaoculteurs, travaillent ensemble à la création d’une unité locale de transformation de cacao en Côte d’Ivoire. Le projet est en partie financé par le SPF Coopération au développement.

Infos pratiques

Le 14 février une délégation d’une vingtaine de producteurs de cacao Fairtrade ivoiriens, tous members du Réseau Ivoirien du Commerce Equitable (RICE), visitera le Salon du Chocolat de Bruxelles. Ils seront disposés à répondre à vos questions et peuvent témoigner de leurs challenges et ambitions.

  • Hélène Kouamé , cacaocultrice ECAMOM – initiatrice ELIKA
  • Fortin Bley, RICE -  Réseau Ivoirien du Commerce Equitable (RICE)
  • Samuel Poos – coördinateur TDC
  • Nicolas Lambert – directeur Fairtrade Belgium
  • Céline Orban, Chocolaterie Belvas

Pour toute demande d’interview, veuillez contacter :

Fairtrade Belgium est une association liée à l’ONG Fairtrade International, dont la mission première est de mettre en relation les producteurs du Sud, les entreprises, l’industrie, et les consommateurs afin de mettre en œuvre et développer le commerce équitable. Le système Fairtrade est un modèle de commerce plus juste au centre duquel se trouve le label Fairtrade et dont l’objectif final est d’amener les producteurs du Sud à obtenir un revenu vital. De manière plus générale, Fairtrade sensibilise également les citoyens et acteurs de la société civile belge aux enjeux globaux d’aujourd’hui, et ce, pour atteindre ensemble les objectifs du développement durable des Nations Unies.

Enabel est l’Agence belge de développement. Elle exécute et coordonne la politique belge de développement international,  et travaille principalement pour le compte de l’État belge. L’Agence met également en œuvre des actions pour d’autres organisations nationales et internationales.  Avec 1.500 collaborateurs, dont plus de 70 % de personnel local, Enabel gère quelque 150 projets, essentiellement dans des États fragiles d’Afrique.