Journée mondiale du commerce équitable: pleins feux sur la justice sociale

Le 8 mai, nous célébrons la Journée mondiale du commerce équitable. Dans les quatre coins de la planète, nous entendrons des voix s’élever pour défendre la vision d’un commerce mondial différent où la justice sociale est au centre des préoccupations. Une vision devenue plus urgente encore en regard de l’ère post-COVID qui nous attend. En Belgique, dès le lundi 3 mai, les bâtiments de la Ghelamco Arena à Gand, puis la résidence Groenveld de la KUL de Louvain, le bâtiment Pilar de la VUB à Bruxelles, le bâtiment MAS d’Anvers, et pour terminer le 7 mai, le Musée bruxellois du Moulin et de l'Alimentation seront habillés d’images lumineuses projetées de coton, bananes, café, cacao… Une manière, pour l'ONG Fairtrade Belgium de littéralement braquer les projecteurs sur les produits les plus symboliques du commerce équitable pour demander que l'on s'intéresse aux droits sociaux des producteurs. Car en effet, la composante sociale est trop souvent négligée dans le récit de la durabilité. Un véritable changement durable n'est possible que si l'on s'attaque structurellement à l'injustice sociale dans le commerce mondial. En particulier, le droit à un revenu vital pour les agriculteurs. La bonne nouvelle : tout le monde peut y contribuer. Citoyens, entreprises, organisations de la société civile et gouvernements, chacun a un rôle à jouer.

Du 3 au 7 mai inclus, dès la tombée de la nuit (entre 9h30 et minuit), la Ghelamco Arena à Gand, la résidence Groenveld de la KULeuven, le bâtiment Pilar de la VUB à Bruxelles, le MAS à Anvers, le Musée du Moulin et de l'Alimentation à Bruxelles, ont accepté de se prêter au jeu. Les projections d’images de bananes, de cacao, de coton et de café vont donner une toute autre image ces bâtiments monumentaux, si reconnaissables et connus dans leurs villes respectives. Pendant plusieurs heures, ces bâtiments prêtent leur flanc pour insister sur l'importance d’un commerce mondial plus équitable où la justice sociale devrait être centrale. Les bananes, le cacao, le café et le coton sont des produits issus du commerce mondial qui font partie de notre consommation quotidienne. Chaque jour, nous nous réveillons avec une tasse de café, nous donnons à nos enfants des bananes comme collation saine, nous savourons notre chocolat belge et nous nous habillons avec des vêtements en fibres de coton. Même si ces produits sont importants pour nous, bien souvent, cela ne nous empêche pas de dormir de ne pas savoir dans quelles conditions ils ont été cultivés. Parce que ça semble loin de chez nous ? Pourtant dans ce monde globalisé, rien n'est loin, tout est proche.

Sans revenu vital, pas de transition durable

Dans de nombreux pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique, les producteurs et productrices ne gagnent pas assez pour répondre à leurs besoins fondamentaux.  Les cultivateurs de cacao en Côte d'Ivoire, par exemple, gagnent en moyenne 67 cents par jour pour une journée complète de dur labeur. Le prix moyen payé pour les bananes (et d’autres denrées) est bien souvent trop bas que pour assurer un revenus décent aux producteurs de culture de rente et aux travailleurs des plantations en Amérique latine. La situation est similaire dans d'autres chaînes d'approvisionnement complexes telles que le café et le coton. Plus près de nous, les producteurs de lait, par exemple, ont trop souvent le plus grand mal à garder la tête hors de l'eau.

On entend, et à juste titre, beaucoup parler de transition et de durabilité. Que ce soit  à propos des problématiques liées au climat, à « l’après-pandémie » ou à l’accès à une alimentation saine, des pratiques, des habitudes de consommation et de production plus écologiques occupent le devant de la scène. C’est logique, mais un maillon est souvent oublié : celui la justice sociale pour les producteurs d'aliments et de matières premières. Pourtant, de nombreux drames humains et environnementaux (tels que le recours au travail des enfants et la déforestation dans la production de cacao et l'utilisation excessive de pesticides dans la production de bananes), ont un lien direct avec la situation d’extrême pauvreté dans laquelle les producteurs et productrices sont contraints de vivre. La pauvreté ne peut jamais être durable. Une véritable transition durable de notre économie et de nos sociétés ne sera possible que si l'on s'attaque structurellement à l'injustice sociale dans le commerce mondial.   

Coup de projecteur sur notre responsabilité partagée

" C’est la raison pour laquelle nous encourageons chacun et chacune, en tant que citoyen, mais aussi les pouvoirs publics et les entreprises à agir en faveur de la justice sociale et du respect des droits humains dans les chaînes de production. ", déclare Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium. "Maintenant que nous espérons sortir progressivement de l'épidémie, nous avons plus que jamais besoin que la transition durable devienne manifeste. Bonne nouvelle : tout le monde peut y contribuer».

L’action qui consiste à projeter, à la tombée de la nuit, sur des bâtiments de nature différente des images de quelques produits phares issus des chaînes d'approvisionnement mondiales sert aussi à souligner cette solidarité nécessaireLe monde n'a jamais été aussi petit. La crise du Covid 19 nous l’aura bien fait comprendre.  

La justice sociale, la justice climatique et environnementale, tout est lié. Les chaînes d’approvisionnement commencent dans les champs, terminent dans votre assiette ou dans les fibres de vos vêtements. Des produits que nous consommons ici, cultivés ailleurs (et inversement), font tourner la roue d’un système de commerce mondial qui nous relie les uns aux autres. Nous sommes tous, que nous le voulons ou pas, connectés. Pour inverser la roue de l’injustice sociale et tendre vers une véritable transition durable, il faut soigner les liens par lesquels nous sommes connectés. Connectons les bons maillons et nous rendrons les chaînes qui constituent le commerce mondial plus humaines et plus respectueuses de l’environnement. En reliant les bons liens, vous créez une dynamique positive où la durabilité prend tout son sens. Parce plus juste, c’est plus durable. Voilà d’où vient le slogan de Fairtrade : #connectwhatsgood.  

Bâtiments et matières premières à l'honneur

  • Le premier jour de l'action, le 3 mai à Gand, le coton est symbolisé par des T-shirts exposés sur la façade du Ghelamco Arena, en référence au glorieux passé textile de la ville. Gand est également la toute première « FairTrade Gemeente » (Commune du commerce équitable) de Belgique et la ville prend de nombreuses initiatives dans le domaine du textile équitable. Le coton est l'un des produits pour lequel il y a encore beaucoup à faire en termes de justice sociale.
  • Le 4 mai à Louvain, deuxième jour de l'action, c’est au tour du bâtiment Groenveld de la KULeuven de prêter un flanc à la projection de bananes, en référence aux plus de 1500 variétés de bananes qui sont soigneusement conservées à l'université. Il y a exactement 25 ans que les premières bananes équitables sont apparues sur le marché belge, mais aujourd’hui encore, des « bananes amères »  à moins d'un euro sont encore légion dans les étals de certains supermarchés.
  • Le 5 mai à Bruxelles, C’est au tour du bâtiment Pilar sur le campuys la VUB, d’être illuminé par des images liées au café. La participation de l'université s'inscrit dans le cadre de son engagement et de celui de ses étudiants en faveur s’une société plus durable, grâce notamment à son programme "De wereld heeft je nodig (le monde a besoin de vous ) ». Pourquoi le café ? Le café est bien sûr une des boissons préférées des étudiants et des professeurs, certainement pendant les blocus !  Mais c’est aussi un des produits où producteurs et productrices souffrent le plus, notamment à cause de la pression sur les prix dues aux fluctuations de prix sur le marché mondial. En outre, le COVID rend la situation encore plus difficile dans ce secteur, en raison de la fermeture des établissements de restauration et du travail à domicile des employés et des étudiants ! La VUB soutient depuis de nombreuses années le commerce équitable en proposant des produits labellisés Fairtrade dans les restaurants étudiants. La VUB encourage également ses étudiants et employés à consommer du café équitable et d’utiliser des mugs durables.
  • La quatrième soirée de projection a eu lieu à Anvers le 6 mai. L’impressionnant bâtiment « het MAS » sera tout illuminé de chocolat pour l'occasion. Une manière aussi de souligner le rôle du port d'Anvers dans l'importation et l'exportation de cacao. Par exemple, en 2019, la Belgique était le 5e pays le plus important pour les importations de cacao. 60 % du cacao que nous consommons en Europe provient d'Afrique de l'Ouest. La majorité des producteurs de cacao vivent encore sous le seuil de pauvreté extrême (67 cents par jour). Cela a des conséquences, comme le travail des enfants et la déforestation. Au cours des trois dernières décennies, la région a perdu plus de 60 % de ses forêts naturelles d'origine.
  •  Le 7 mai, la veille de la journée mondiale du commerce équitable, l'action se terminera à Bruxelles par l'illumination du moulin d'Evere, où se trouve le Musée du Moulin et de l'Alimentation. Il est le symbole du riche passé rural d'une commune bruxelloise aujourd'hui presque entièrement urbanisée.  Le moulin nous relie à notre histoire et au rôle des agriculteurs dans notre alimentation: sans eux, une alimentation saine et variée ne peut durer. Car en Europe aussi, les petits agriculteurs disparaissent au profit des méga-firmes et de l'agriculture industrielle. Entre 2005 et 2016, par exemple, l'Europe a perdu plus de 4 de ses 28 millions d'exploitations agricoles, dont 85 % étaient de petite taille (moins de 5 hectares).  Ces chiffres montrent à quel point ce qui se passe ailleurs dans le monde peut aussi s'appliquer plus près de chez nous.

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