Bananes Fairtrade, un juste prix pour le climat

À l’heure où certains acteurs de la grande distribution décident de ne vendre plus que des bananes issues du commerce équitable, Fairtrade se penche sur l’impact et le coût réel des bananes que nous achetons en supermarché. Que couvre le prix que nous payons ? Et si payer quelques cents de plus permettait aux producteurs de bananes d’agir, eux aussi, pour le climat ?

Acheter un produit, c’est parfois payer un prix qui peut nous paraître particulièrement avantageux. Difficile de résister à un kilo de bananes vendues à 99 cents lorsque celles-ci semblent identiques en tout point à celles d’à côté, mais qui sont plus chères. Ce kilo de banane, lorsque l’on tient compte de tous les paramètres liés à sa culture et à sa commercialisation, vaut-il réellement 99 cents ? Couvre-t-il tous les coûts liés à sa production et son transport ? Pour y répondre, il faut analyser ce que l’on appelle les ‘externalités’.

Les externalités, ce sont ces coûts qui n’apparaissent pas dans le prix du produit et qui sont pourtant bien réels. Par exemple, payer une caisse de bananes à un prix trop bas à un producteur engendre des externalités négatives, du fait que son revenu ne lui permet pas de couvrir les coûts d’une production respectueuse de l’environnement. Les conséquences ne se feront pas nécessairement ressentir dans l’immédiat : une mauvaise fertilisation d’un sol provoquera petit à petit son appauvrissement et, plus tard, une baisse de rendement et de qualité du fruit. À terme, cela rendra le producteur moins compétitif et le placera, lui et sa famille, dans une situation précaire. Pour la planète et pour la collectivité, cela représente un coût à la fois social, économique et écologique. Des coûts dont le prix payé en magasin ne tient donc pas compte.

Il est pourtant possible de réduire ces externalités, même de les rendre positives, en optant pour un mode de production plus durable. Zuria et Freddy, de la coopérative Fairtrade ASOCOOMAG, située au nord de la Colombie, témoignent « La satisfaction de nos partenaires commerciaux avec un produit qualitatif est pour nous une priorité. Mais nous devons faire face aux effets de plus en plus dévastateurs des passages du courant El Nino, avec des conséquences directes sur notre capacité d’approvisionnement si nous n’y sommes pas préparés». Plan d’action à l’appui et budget pluriannuel dédié à plusieurs postes stratégiques, ils précisent : « Avec l’apport financier de Fairtrade, nous investissons dans l’élaboration de techniques écologiques qui permettent à la fois de fertiliser les sols et de les rendre mieux perméables dans le cas de fortes précipitations ».

ASOCOOMAG prend en effet part à un programme implanté dans 7 pays d’Amérique Latine :  le PIP (Productivity Improvement Program). Ce programme, initié par le réseau de producteurs, la CLAC  (Coordinadora Latino America y del Caribe) et soutenu par Fairtrade International, doit permettre d’augmenter, avec l’aide d’ingénieurs agronomes sur le terrain,  le rendement de bananes produites à l’hectare de manière naturelle. Il a pour objectif, in fine, de renforcer la position des coopératives Fairtrade de manière plus durable sur le marché. 

L’impact de la certification Fairtrade pour les 435 travailleurs de cette coopérative et leurs familles ne se limite pas à l’implantation de ce programme. Celui-ci vient en complément des avantages connus qu’implique la vente de bananes labellisées Fairtrade : un prix minimum fixe, défini selon les réalités économiques du pays, et l’octroi d’une prime de 1$ par caisse de 18kg vendue. Avec le montant de cette prime, les producteurs d’ASOCOOMAG ont notamment décidé de lancer un plan de recyclage des plastiques collectés dans leurs plantations et de sensibiliser les plus jeunes aux effets de la pollution par le plastique.

Autant d’actions qui montrent que les producteurs de bananes peuvent jouer, eux aussi, leur rôle dans la mobilisation pour l’avenir de notre planète.

Alors, au vu de ce que quelques centimes de plus payés ici peuvent représenter là-bas, cela vaut-il le coup de succomber à la tentation du prix le plus bas ? Gageons que les étiquettes rouges à 99 cents des supermarchés n’auront, aux yeux des consommateurs, bientôt plus la même valeur. Car si la question du budget que nous consacrons, ou que nous pouvons consacrer aujourd’hui à nos achats est primordiale, celle du prix réel que payeront nos futures générations sur la société et le climat est, elle, fondamentale.