La population belge exige une justice climatique. Les producteurs du Sud aussi.

Les jeunes et les familles belges exigent une politique climatique ambitieuse. C’est ce que démontrent les manifestations récentes : la marche historique du 2 décembre, les élèves qui chaque jeudi brossent les cours pour s’exprimer dans les rues et la manifestation européenne pour le climat prévue ce dimanche 27 janvier. Ils donnent de l’espoir aux acteurs du commerce équitable qui savent combien les changements climatiques touchent d’abord les plus vulnérables, comme les paysans du Sud.

La justice climatique doit aller de pair avec une justice sociale et donc, un commerce plus juste.  Les producteurs du Sud subissent de plein fouet les conséquences néfastes des changements climatiques (sécheresses, inondations et glissements de terrain, appauvrissement des sols, espèces invasives, récoltes incertaines). Avec un revenu juste, les producteurs peuvent se former pour s’adapter au changement climatique et investir dans des modes de production plus durables.

Au mois de novembre dernier, une coalition internationale d’organisations du commerce équitable avait appelé les négociateurs de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à mettre en œuvre une politique juste et contraignante pour un commerce équitable afin que les négociations de la COP24 aboutissent réellement à une justice climatique. Ci-dessous, un résumé de cet appel.

La justice climatique ne pourra se faire sans un commerce plus juste

Plus de 500 millions de petits agriculteurs procurent 80 % de l’alimentation consommée dans le Sud. Ces agriculteurs et les ouvriers agricoles sont ceux qui souffrent le plus de l’impact dévastateur du changement climatique. Pourtant, leur voix ne compte pas dans le négociations sur le climat.

La coalition internationale des organisations de commerce équitable insiste auprès des décideurs de la Conférence sur le climat (COP24) pour qu’une politique commerciale équitable et les principes du fair trade soient reconnus comme stratégies majeures permettant aux agriculteurs de s’adapter au changement climatique afin d’en adoucir les conséquences.

La note stratégique commune ‘Trade Justice: A key component of building smallholder farmers’ climate resilience’ (« Commerce équitable: composante majeure de la résilience climatique des petits agriculteurs ») décrit cinq étapes concrètes. Celles-ci sont nécessaires pour réformer rapidement le système économique mondial au profit de l’humanité et de la planète. Ces étapes impliquent : de la transparence et des règles contraignantes ; du soutien financier ; de la formation axée sur les agriculteurs et l’expertise technique ; des investissements en recherche agronomique ; et une fiscalité équitable.

« Les agriculteurs de petites exploitations familiales sont en première ligne dans la lutte contre le changement climatique. Ils contribuent à la sécurité alimentaire mondiale et à leur économie nationale, mais ils subissent de plein fouet les conséquences néfastes du changement climatique. C’est la raison pour laquelle il est urgent de les soutenir à grande échelle pour leur permettre de relever les défis climatiques », déclare Lannette Chiti, conseillère principale pour le changement climatique chez Fairtrade International.

Erinch Sahan, directeur général de la World Fair Trade Organization, ajoute : « Le changement climatique touche le plus durement les plus vulnérables, alors qu’ils ne sont pas à l’origine du problème. Ils subissent de plus en plus souvent de mauvaises récoltes, des pénuries d’eau et des catastrophes naturelles. En tant que coupole d’organisations dont la raison d’être est de leur venir en aide, la WFTO demande aux leaders mondiaux de prendre des mesures audacieuses en faveur du climat. Notre organisation recouvrant 330 entreprises dans 70 pays se dévoue sans relâche avec nos partenaires. Nous invitons les leaders mondiaux à en faire autant. »  

Un modèle de commerce qui encourage la production durable

L’impact du changement climatique sur le plan environnemental, social et économique menace l’avenir des chaînes d’approvisionnement des produits agricoles et artisanaux. Dans le cadre du commerce mondial conventionnel, les petits producteurs subissent en permanence des fluctuations de prix et des pratiques commerciales inéquitables. Le mouvement Fairtrade plaide pour un modèle commercial plus juste et encourage la mise en œuvre de modes de production et de consommation durables.

Une étude récente (Le BASIC) sur le café et le changement climatique a démontré que des pratiques commerciales équitables améliorent les revenus des producteurs car elles garantissent qu’une plus grande part de la valeur ajoutée de la chaîne d’approvisionnement aboutisse chez eux. Ceci leur permet d’investir dans une importante réduction des coûts environnementaux et sociétaux sur les communautés de producteurs dans le Sud. Dès lors le commerce équitable constitue une étape cruciale vers la justice climatique : il donne la priorité aux besoins des petits agriculteurs et tient compte de leur vulnérabilité croissante.

Toutefois, le commerce équitable ne pourra pas relever seul les défis engendrés dans les chaînes d’approvisionnement par le changement climatique et les inégalités. Le système économique mondial doit être réformé d’urgence.

« La durabilité des chaînes d’approvisionnement agricoles est sur une mauvaise pente. Le mouvement Fairtrade ne suffira pas à lutter contre le changement climatique, mais un commerce équitable et des prix durables sont des conditions indispensables pour aider les agriculteurs à résister au changement climatique »,  affirme Sergi Corbalán, directeur général du Fair Trade Advocacy Office.

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