Une tablette de chocolat aussi grande que le MAS


Une tablette de chocolat aussi grande que le MAS ? Ça pourrait être le rêve de nombreux amateurs de chocolat, et pour une fois, il est devenu réalité. À l'occasion de la Journée Mondiale du Commerce Equitable - qui a lieu chaque année le 8 mai - nous avons recouvert le bâtiment emblématique d'Anvers de grandes tablettes de chocolat. Nous avons ainsi voulu, littéralement, mettre en lumière l'un des produits les plus symboliques du commerce équitable. Pourquoi Anvers ? Le port d'Anvers joue un rôle majeur dans l'importation et l'exportation de cacao. Par exemple, en 2019, la Belgique était le 5e pays le plus important pour les importations de cacao. 60 % du cacao que nous traitons en Europe provient d'Afrique occidentale.

Pas de durabilité sans justice sociale

Pouvons-nous parler de durabilité quand nous oublions la personne qui a produit le cacao de nos tablettes de chocolat ? La réponse est simple : non. Chez Fairtrade, nous voyons les choses différemment : nous nous engageons pour plus de justice sociale dans les chaînes alimentaires et de production. Les producteurs de cacao méritent tous un prix équitable pour ce qu'ils cultivent.

La justice sociale dans le secteur du cacao

Le droit à un salaire ou à un revenu vitale est encore loin d'être une réalité pour de nombreux agriculteurs. Il y a quelques années, nous avions déjà mis en place une action revendiquant un salaire vitale pour les producteurs de cacao de Côte d'Ivoire, qui gagnent environ 67 cents par jour pour une journée entière de dur labeur. Bien trop souvent, les producteurs ne reçoivent même pas un prix qui couvre les coûts de production.

L'extrême pauvreté - et l'injustice sociale en général - sont à l'origine de nombreuses violations de droits environnementaux et humains, telles que l’exploitations des enfants, la déforestation, l'utilisation excessive de pesticides, ... Une situation qui c’est encore empirée suite à la crise du COVID.

Ce lien n'est pas suffisamment mis en avant lors des débat autour de la durabilité. Un véritable changement durable n'est possible que si l'on s'attaque structurellement à l'injustice sociale dans le commerce mondial. Tant que les producteurs de cacao n'auront pas accès à un revenu vitale, on ne pourra pas parler de chocolat durable, car la pauvreté ne peut jamais être durable.

Les initiatives volontaires pour un chocolat plus durable sur le plan social et écologique, sont-elles suffisantes ?

En Belgique, il existe un engagement clair en faveur de la durabilité, de la part des entreprises du secteur du cacao et du chocolat. Beyond Chocolate est une plateforme multilatérale dont les objectifs sont notamment d'interdire définitivement le travail des enfants dans le secteur du cacao et de faire en sorte que tous les producteurs de cacao approvisionnant le marché belge, gagnent un revenu vitale d'ici 2030.

L'engagement de Tony's Chocolonely, d'Oxfam, de Belvas, de Lidl et aussi de Beyond Chocolate sont des initiatives formidables avec un grand potentiel pour rendre le secteur du cacao et du chocolat plus durable. Mais comme ils sont basés sur des engagements volontaires, leur portée est probablement trop limitée pour garantir un revenu vitale à tous les producteurs de cacao. De même, la récente initiative commune des  gouvernements ghanéen et ivoirien visant à exiger une charge supplémentaire sur le cacao afin de garantir un meilleur revenu à leurs producteurs de cacao semble insuffisante, car les entreprises peuvent reporter leurs achats ou acheter du cacao ailleurs.

Depuis le 1er avril, le prix du cacao a chuté de 25%. Il est donc urgent de mettre en place un cadre législatif qui oblige les entreprises à respecter les droits humains, et en particulier le droit à un revenu vitale. Il existe un processus pour lancer une telle loi au niveau européen, mais nous agissons également ici en Belgique. Avec Oxfam, Galler et Belvas, entre autres, nous demandons qu'une loi soit lancée au niveau national.

Cacao en chiffres

  • Dans le monde, 6 millions de personnes dépendent du cacao pour leur subsistance
  • 60% du cacao est cultivé au Ghana et en Côte d'Ivoire
  • Le prix du marché du cacao est très volatil : entre 2016 et 2017, le cours mondial du cacao a chuté de plus d'un tiers
  • 2,5 dollars par jour permettraient à un cultivateur de cacao en Côte d'Ivoire, de disposer d'un revenu pour vivre. Aujourd'hui, ils gagnent moins d'un dollar par jour
  • En moyenne, les producteurs de cacao ne gagnent que 6 % de la valeur finale d'une tablette de chocolat