Cacao Fairtrade, belle progression et grands défis

Mardi 24 avril 2018 — Les consommateurs belges sont de plus en plus nombreux àreconnaître le bien-fondé du commerce équitable et à se laisser séduire par lesproduits labellisés Fairtrade. L'an dernier, le volume de produits certifiés a progresséde 10% par rapport à 2016. La croissance est particulièrement sensible dans lesproduits à base de cacao, comme le chocolat qui voient leur volume augmenter de45%. La tendance des années précédentes se poursuit donc invariablement. Et c’esttant mieux. Parce que la situation des producteurs de cacao en Afrique de l'Ouest -l’origine de 70 % de la récolte mondiale - est tout sauf rose. De nombreux producteursvivent encore dans une pauvreté extrême, ce qui entraîne de mauvaises conditions detravail, le travail des enfants, la déforestation et de nombreux autres problèmes.

Fairtrade Belgium a clôturé l'année 2017 sur un résultat très positif : une croissance dans la presque totalité des catégories de produits et une pénétration nettement plus forte du marché. Alors qu'il y a dix ans, seulement 24 % des ménages belges achetaient des produits Fairtrade, ils sont désormais 69 %. Mieux encore : si davantage de personnes font aujourd’hui le choix du Fairtrade, la variété de produits équitables dans leur panier a, elle aussi, augmenté. Dans le large assortiment disponible, le café, les bananes et les produits à base de cacao comme le chocolat demeurent en tête du peloton.

Des produits Fairtrade dans tous les rayons

Si toutes les chaînes de supermarché ont aujourd'hui des produits Fairtrade en rayon, c'est aussi le cas de magasins plus petits et d'établissements spécialisés, où la présence et la vente de produits portant le label Fairtrade progressent sans cesse. D’autre part, il existe un choix de plus en plus varié de produits portant ce label. Cela permet de toucher un public toujours plus large.

C'est également ce qui ressort d'une enquête sur la notoriété et la crédibilité du label auprès la population belge 1 . Près de trois quarts des répondants disent connaître le logo noir, bleu et vert de Fairtrade. Parmi ceux qui le connaissent, 93 % le considèrent comme un label fiable et 70 % souhaitent une plus grande disponibilité de produits labélisés Fairtrade. Voici donc un message clair du consommateur vers l’industrie et la grande distribution. La principale motivation des consommateurs à choisir des produits Fairtrade est de pouvoir aider les agriculteurs et leurs familles à accéder à un meilleur avenir.

Fort en chocolat

Au cours des quatre dernières années, la vente de cacao Fairtrade au niveau mondial a augmenté de 27% en moyenne. En 2016, plus de 136.000 tonnes de cacao Fairtrade ont ainsi trouvé acquéreur. Un record.

Au niveau belge, cette augmentation est encore plus marquée. Une croissance générale en termes de volume est à noter pour la quasi-totalité des acteurs de l’industrie engagés dans le Fairtrade. D’autre part, le succès d’acteurs historiques comme Belvas, l’introduction de la marque Tony’s Chocolonely sur le marché belge et les engagements renforcés des distributeurs ont permis d’accélérer cette évolution positive. Citons par exemple le passage pour toutes les pâtisseries de Carrefour et de l’ensemble de la gamme ‘Fin Carré’ de Lidl au cacao Fairtrade.

Pourtant, le challenge reste énorme : aujourd’hui le chocolat à base de cacao Fairtrade atteint à peine 1% de part de marché en Belgique. Pour que le commerce équitable puisse apporter une différence significative dans la qualité de vie des producteurs, il faudrait enclencher la vitesse supérieure, et fortement stimuler la demande, notamment en sensibilisant un public plus large. C’est important, car aujourd’hui les producteurs Fairtrade ne peuvent vendre qu’une mineure partie de leur production aux conditions Fairtrade. Le reste doit donc être vendu aux conditions conventionnelles, sans garantie du prix minimum et sans prime additionnelle. Une mobilisation bien plus forte des consommateurs, des marques et des distributeurs est donc absolument nécessaire.

Payer le prix pour que les producteurs gagnent mieux leur vie

Malgré ces chiffres positifs, la prochaine génération de planteurs ne voit guère d'avenir dans la cuture du cacao. La situation est particulièrement urgente en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ces deux pays produisent près de deux tiers du cacao disponible sur le marché mondial. Paradoxalement, le monde entier s’arrache leur cacao, mais à l’autre bout de la chaîne, les producteurs vivent pour la majorité dans l’extrême pauvreté.

Les nombreuses initiatives et programmes de durabilité existants dans le secteur du cacao - axés sur la productivité, la diversification ou la rentabilité – ne sont pas suffisants pour garantir un revenu vital aux producteurs. Les recherches indépendantes commandées par Fairtrade pour mesurer le revenu des familles de cultivateurs en Côte d’Ivoire révèlent malheureusement, que les producteurs certifiés Fairtrade, même s’ils bénéficient d’avantages clairs du système de certification, n’échappent pas à cette réalité.

Les raisons en sont multiples. D’une part, l’offre de cacao certifié est supérieure à la demande, ce qui dilue l’impact pour le producteur (une partie de sa production étant vendue aux conditions ‘normales’ du marché). D’autre part, le prix du cacao était en 2017 à un niveau historiquement bas, ce qui a provoqué une charge supplémentaire et intenable sur les épaules des agriculteurs. Fairtrade a d’ailleurs lancé un processus de consultation pour alimenter la revue de ses standards cacao dont l’objectif est de viser un revenu vital pour les planteurs de cacao, en particulier en Afrique de l’Ouest. Il faut donc mettre les bouchées doubles. Pour Fairtrade, réussir à garantir un revenu décent aux producteurs est de la plus haute priorité.

Le défi est titanesque. « Nos études montrent qu’il faut une approche globale pour aider les producteurs à améliorer leur revenu, il faut les aider à améliorer leur productivité, à maîtriser leurs coûts et parfois à diversifier leur production au-delà du cacao. Mais elles montrent aussi que vouloir atteindre un revenu décent sans payer de meilleurs prix est tout à fait illusoire. Il faut oser mettre le sujet du prix sur la table et nous regrettons qu’il soit un tabou pour nombre d’acteurs de la filière. Il faut également une mobilisation globale, non seulement des acteurs du commerce équitable mais de toute l’industrie et des gouvernements, tant dans les marchés consommateurs que les pays producteurs ».

Un appel urgent au secteur du cacao

Comme stipulé dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme 2 , les petits agriculteurs qui exploitent leur propre terre à plein temps ont droit à un revenu vital. Les gouvernements, les commerçants, les fabricants de chocolat, les détaillants, les consommateurs et les agriculteurs eux-mêmes ont tous la responsabilité d'apporter les changements nécessaires. Mais il faut souligner que cela ne se produira pas sans un prix du cacao plus élevé.

Fairtrade analyse les données pour établir un prix de référence qui permettrait aux producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest d’atteindre le revenu vital. Mais il est déjà clair que celui-ci sera plus élevé que le prix minimum Fairtrade actuel. Combler cet écart ne sera pas simple, ne serait-ce que parce que les agriculteurs doivent être en mesure de vendre leur cacao et que Fairtrade est déjà le système de certification avec la prime la plus élevée. La définition d’une stratégie Fairtrade pour un revenu vital est donc un exercice complexe qui exige de trouver un juste équilibre.

En partageant ces résultats, Fairtrade vise à rendre visible les défis dans le secteur du cacao et à lancer la discussion sur le prix dans le secteur. La lutte contre l'extrême pauvreté est l'un des objectifs de développement durable les plus importants et il faut que tous les acteurs se mobilisent dans ce sens.

Le chocolat ne disparaîtra pas. La véritable question est la suivante : continuerons-nous à laisser les producteurs de cacao vivre dans une pauvreté extrême ou allons-nous payer le prix pour qu’ils puissent enfin atteindre un revenu vital?


Fairtrade Belgium

Fairtrade Belgium est une association liée à l’ONG Fairtrade International, dont la mission première est de mettre en relation les producteurs du Sud, les entreprises, l’industrie, et les consommateurs afin de mettre en œuvre et développer le commerce équitable. Le système Fairtrade est un modèle de commerce plus juste au centre duquel se trouve le label Fairtrade et dont l’objectif final est d’amener les producteurs du Sud à obtenir un revenu vital. De manière plus générale, Fairtrade sensibilise également les citoyens et acteurs de la société civile belge aux enjeux globaux d’aujourd’hui, et ce, pour atteindre ensemble les objectifs du développement durable des Nations Unies.

Contact:

Charles Snoeck – charles@fairtradebelgium.be – 0497 78 02 41

Douchka Van Olphen – douchka@fairtradebelgium.be – 0483 05 70 42